Le Yali Des Keupruli
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CENT CINQUANTE EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS
N“ 94
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LE YALI
DES KEUPRULI
A ANATOLI-HISSAR
Côte Asiatique du Bosphore
PRÉFACE DE PIERRE LOTI
Texte par MM. H. Salauin, Architecte du Gouvernement, Membre du Comité des Travaux historiques et scientifiques au Ministère de l'Instruction publique et René MeSGUICH, Architecte.
Dessins relevés sous la Direction de M. Y. TERZIAN.
Architecte, Professeur adjoint à l'école Impériale des Beaux-Arts de Stamboul, par MM. NoüRI, Architecte, élève diplômé de P École des Beaux-Arts de Stamboul, et Orner ChÉREF, Élève de la Section d'Architecture de cette école.
RELIURE et FLEURONS pur M. H. SALADIN
PARIS
SOCIÉTÉ DES AMIS DE STAMBOUL 107, Rue de Rivoli
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LA MAISON DES KEUPRULI
Au Bosphore, la rive d’Europe, presque d’un bout à l’autre, est déjà livrée à notre barbarie moderne qui s’aggrave là-bas du mauvais goût levantin. Mais la rive d’Asie, en arrière d’un siècle au moins, gardera encore, pour quelques années sans doute, sa paix, son charme et son mystère finissants. Passer là en caïque est un enchantement pour les yeux, passer le long des vieux jardins clos, presque dans l’ombre de leurs arbres, passer tout près, tout près des vieilles demeures grillées où la vie n’a guère changé en apparence depuis les époques purement islamiques.
Elles s’avancent, les maisons turques du temps passé, tout au bord, presque à toucher' l’eau du détroit. Elles subissent, à ce qu’il semble, l'attraction de cette eau toujours courante et rapide; comme pour en être plus mouillées, la plupart se sont mises en équilibre sur pilotis, et, pour mieux la surplomber, les étages supérieurs débordent encore, à la manière de grands balcons supportés par des encorbellements à volute. Mais tout cela était en bois, comme le voulait jadis la coutume; alors le temps, hélas! l’humidité des hivers, la perpétuelle mouillure auront bientôt fini de le détruire. Et chaque fois qu’une de ces maisons, de plus en plus penchées s’affaissera dans la mer, c’est quelque horreur moderne qui viendra lui succéder, — comme cela se pratique en face sur la côte d’Europe, — et ainsi, peu à peu, va disparaître tout ce qui continuait d’être l’adorable Turquie.
De ces antiques demeures croulantes, il en est une au moins qu’il faudrait sauver à tout prix, la maison Keupruli que les sultans d’autrefois donnaient comme résidence à des ambassadeurs. Quand on passe devant, toujours on est tenté de ralentir la marche de son caïque pour mieux la regarder. Très déjetée, au-dessus des dalles verdies de son vieux petit quai à l’abandon, elle laisse voir ses grandes salles intérieures, par ses fenêtres que l’on ne prend plus soin de fermer, de l’art oriental, dans sa mystique pureté qui n’admettait la représentation d’aucune chose vivante; des séries de panneaux que décorent d’exquises peintures archaïques, rosaces en rigides bouquets de fleurs imaginaires; des plafonds de bois ciselé où s’enchevêtrent d’inextricables arabesques et dont le coloris éteint rappelle les vieux cuirs de Cordoue.
Personne n’habite plus là; personne ne prend plus soin de ces vestiges des grands passés. Et le jardin, où jadis tant de belles voilées durent promener leur nostalgie, le jardin, avec sa fontaine de marbre blanc dont les ciselures imitent une étoffe à précieuses broderies, le vieux jardin, plein de silence, retourne tranquillement au hallier sauvage.
Pierre Loti.
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LE « YALI » DES KEUPRULI
A
ANATOLI-HISSAR
RIVE ASIATIQUE DU BOSPHORE
« YALI »! Ce mot désigne chez les Turcs toute maison d’été au bord de la mer. Autrefois, demeure spacieuse et confortable, l'intérêt du yali réside surtout dans la fantaisie de la composition ; sa gaieté est toute dans ses innombrables fenêtres et ses encorbellements variés. C'est le charme du Bosphore: entre la Corne d’Or et la Mer Noire il apparaît sur l’une et l’autre rive, tantôt se détachant sur une touffe de verdure, tantôt bordant ou surplombant le courant rapide, tantôt caché dans le fond d’une crique délicieuse, tantôt dominant la pointe d’un promontoire; dans le paysage riant, ses parois de vieux bois, noircies par le temps, apportent une note sévère, ou bien, de couleur éclatante, parfois même rouge foncé ou clair, elles rutilent sous l'atmosphère lumineuse.
Coin de repos, de calme et de silence pour le rêveur; temple d'adoration pour l’amoureux de la nature, de cette admirable nature, unique au monde.
Les pièces en sont vastes, aérées, regardant de tous leurs yeux la mer et le soleil. Le plan est simple: d’un côté, l’habitation intime, réservée aux femmes, de l’autre, la partie réception — < Harem et Selamlik > comme dans toute demeure turque — et toujours le souci attentif du plus grand bien-être.
Quelquefois, règne, à l’intérieur, un grand luxe d’ornementation que rien dans la simplicité classique des façades ne révèle : plafonds sculptés, lambris richement ouvragés, peintures, fontaines de marbre, escaliers monumentaux.
Bâties en bois, ces constructions offraient une proie facile, malheureusement, à toutes les causes de ruine, à l’incendie surtout. La perte du superbe yali, séjour d’été à Thérapia de l’Ambassadeur de France, en est un récent et douloureux exemple. Le feu violent et affreux le détruisit un soir de l’été dernier.
C’était un des plus beaux et des plus vieux yalis du Bosphore, et, souvenir doublement précieux, il représentait le cadeau magnifique d’un Sultan à la France, le Sultan Sélim 111, au commencement du dix-neuvième siècle. Sa longue façade rouge se détachait gaiement, en avant d'une colline de verdure, aux arbres centenaires.
Tous ces beaux souvenirs d’autrefois, tous ces témoins d'un glorieux passé deviennent de plus en plus rares, hélas!
Le yali des « Keupruli » remonte au dix-septième siècle, édifié par Husséïn Pacha, grand-vizir de Mustapha 11, de 1697 à 1702, et ancien gouverneur de Belgrade.
Husséïn était un « Keupruli » noble famille qui donna, pendant près d’un siècle, plusieurs grands vizirs à l’Empire ottoman.
L'histoire le désigne généralement sous le nom de « Keupruli Amoudja Zadé Husséïn ». Amoudja Zadé, fils de l’oncle; en souvenir de son oncle Mohamed, grand vizir de Mohamed IV, le premier de la famille, homme intègre, énergique, dur aux abus.
Husséïn fut un fin politique. Il protégea les sciences et les arts et eut un grand renom de magnificence. Suivant les traditions des seigneurs de ce temps, il dota son pays d’œuvres d’architecture nombreuses.
Un chroniqueur de l’époque parle ainsi d’une fête qu’il donna en ce yali, dans l’année 1700. Les invités étaient: le Plénipotentiaire autrichien, venu à Constantinople pour ofirir au Sultan les présents de son Auguste Maître et faire ratifier les termes du traité élaboré à Carlowitz quelques mois auparavant; le Plénipotentiaire d’Angleterre et le Plénipotentiaire de Hollande; ces deux dernières Puissances étaient intervenues dans le traité comme Puissances médiatrices.
« Les envoyés étrangers s'embarquent sur trois galères. La plus grande est ornée de trois pavillons; trois cents esclaves sont aux rames; elle traîne une autre galère remplie de musiciens dont les bruyants accords ont peine à dominer le bruit des chaînes des trois cents rameurs. Pour amuser les ambassadeurs, on leur donna le spectacle d'un tir à l’arc; puis des lutteurs, des maîtres d'escrime, des danseurs, des joueurs de gobelets, une cantatrice saltimbanque de Perse égayèrent la fête. Enfin, le repas fut servi : aussi court que magnifique, il fit valoir, dit le chroniqueur, « moins la sobriété des convives que l’empressement et l'avidité de ceux auxquels les restes devaient appartenir. »
La luxueuse maison de campagne d’un seigneur opulent, tel était ce yali! Il y a une quinzaine d’années on en voyait encore le Haremlik : une grande bâtisse à deux étages, peinte en rouge foncé et dont les fenêtres des étages supérieurs étaient ornées
A ANATOL1-H1SSAR
de beaux vitraux. Mais cette bâtisse ayant atteint, faute d’entretien, le dernier degré du délabrement, on dut la démolir.
Qu'en reste-t-il aujourd’hui? Qu’abritent ses cloisons disloquées, portées sur des pilotis branlants et sans cesse menacées de ruine? -
Pauvre Yali! il avait débordé, en naissant, un peu au-dessus de l'eau, comme si, en ce coin de rive, il n’y eût point 'assez de place pour lui, la colline étant presque à pic derrière. Sur son eau paisible passaient autrefois les puissantes galères au rythme lent, les élégants voiliers aux formes archaïques, les délicats et somptueux caïques entraînés par des rameurs chamarrés d'or. Aujourd’hui, le bateau trépidant, l’horrible vapeur omnibus, si pratique aux habitants des rives enchanteresses, mais si laid, si brutal, dont les puissantes hélices font des vagues à ses pieds, le frôle presque au passage, le menace d'un abordage. D’autres dangers le guettaient déjà •• les intempéries qui étaient inquiétantes et l’incendie sournois dont la perspective est effrayante!
Cette maison, vétuste et tremblante, sur laquelle la mort plane, qui ne possède plus que quelques rares pièces, en abrite une admirable : un salon, un grand et beau salon, d'un décor charmant, d’un art délicat, souvenir évocateur de sa grandeur passée.
Ce salon affecte en plan la forme d’un T : disposition souvent employée depuis la plus haute antiquité dans toutes sortes de constructions, car elle permet de couvrir une surface assez considérable sans recourir à des poutres d'un gros équarrissage. La petite barre du T avance sur la grande, forme une sorte de belvédère qui ouvre ses fenêtres ininterrompues sur trois de ses faces et prend en enfilade la perspective du Bosphore, en amont, en aval et en face, où de l'autre côté s’aperçoivent sur la côte d’Europe, les ruines de Rouméli-Hissar (le château d'Europe). Si la construction n'offre rien de bien particulier, si les corniches à stalactictes, les poutres soutenues par des crosses et des faisceaux de moulure qui prolongent la partie inférieure le long des murs, si les petites colonnettes engagées ne diffèrent point de ce que l’on voit dans certaines maisons turques de cette époque, en revanche une chose absolument remarquable, c’est la décoration peinte. l a surface des parois au-dessus de la ligne des fenêtres est divisée en panneaux par des cadres et des frises de menuiserie ; ces panneaux sont dessinés comme des niches ogivales feintes. Partout est répandue, avec le goût le plus exquis, une ornementation florale dont la régularité et l’uniformité ne lassent pas, et cet ensemble est relevé encore par la richesse des corniches en gorge de la coupole centrale et par les trois plafonds des trois branches du T.
Sauf l’ossature proprement dite, assez simple, et qui rappelle d’un peu loin celle des maisons du Caire avec leurs crosses et leurs poutres moulurées, ce salon est bien turc. On y retrouve la richesse de coloration et l'élégance de composition qu'ont répandues les décorateurs des seizième et dix-septième siècles dans toutes leurs œuvres : monuments et même étoffes.
Les voyageurs de l’époque ont souvent décrit « ces plafonds à moresques de couleurs diverses, ces corniches décorées d'or et d’azur ».
Les tons harmonieux ont été adoucis par le temps ; les ors ont pris une patine chaude et riche, perdant un peu l'éclat criard de la dorure fraîchement appliquée.
V
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Tout autour de la salle, au-dessus des fenêtres, règne une tablette- soutenue par une corniche à stalactites en bois.
Au centre, une fontaine de marbre composée d'une sorte de coupole à jour, qui se superpose à un petit édifice carré également à jour : des jets d'eau en jaillissent nombreux et retombent dans une grande vasque carrée qui encadre cette fontaine. Une fontaine semblable à celle-ci existe dans un bassin carré sur la terrasse du kiosque de Bagdad au Vieux Serai, et il nous à été donné d’en admirer une autre également semblable dans le jardin d'un des plus importants yalis du Bosphore, sur la côte d'Europe.
Qu'on se représente le charme de ce salon aux fenêtres basses, mais largement ouvertes, protégées du soleil par des auvents extérieurs ; aux murs décorés de peintures précieuses ; aux divans garnis d'étoffes de soie et d’or ; au sol recouvert de tapis de coloris délicats ; sur la frise couronnant les fenêtres, des plats, des vases, des bols de porcelaine ou de faïence persane ou chinoise, des fioles de verre de Perse, des plats de cuivre gravés de Syrie ou d'Égypte avec leurs aiguières élancées ; peuplez-le par l’imagination de ces figures aux costumes un peu étranges que nous connaissons par les peintres du dix-huitième siècle ; les pachas avec leurs pelisses fourrées de zibeline, les ulémas et les grands dignitaires aux attitudes graves, avec leurs turbans variés de formes, selon leurs fonctions, venant tous, tour à tour, présenter leurs hommages au grand vizir et lui faire leur cour. Nous pouvons nous faire une idée de la richesse qu’atteignaient certains de ces costumes par ceux qui sont exposés au Trésor Impérial du Vieux-Séraï et au Musée des Janissaires, place de l’Atmeïdan.
Il semble que cette somptuosité de costumes devrait être encadrée de façon délicieuse par les couleurs à la fois riches et distinguées de ce lieu dont nous avons cherché à faire comprendre l’attrait et que nos lecteurs jugeront certainement mieux encore sur les gravures en couleurs exécutées d'après le relevé de deux artistes turcs: MM. Nouri, architecte élève diplômé de l'École impériale des Beaux-Arts de Stamboul, et Orner Chéref, élève de la section d'architecture de cette école, sous la direction de M. Y. Terzian, architecte et professeur-adjoint à cette école.
Ce sont trois membres parmi les plus fervents des « Amis de Stamboul » qui eurent l'initiative de cette action: Lady Lowther, Ambassadrice d'Angleterre à Constantinople, la comtesse de Robilant et Arménag Bey Sakisian. Ils firent exécuter un relevé du salon somptueux et l'offrirent aux « Amis de Stamboul ».
Cette société créée dans le but de conservation et de relèvement des œuvres artistiques de la Turquie, comprend les noms les plus illustres de l'Empire ottoman : Son Altesse Impériale le Prince Abdul-Médjid Effendi, président d’honneur; le Prince Saïd Halim Pacha, grand vizir, président; Halil Edhem Bey,directeur des Musées impériaux, et le comte Ostrorog, conseiller légiste près de la Sublime-Porte, vice-présidents ; Ismaïl Djénani Bey, grand-maître des cérémonies de Sa Majesté Impériale le Sultan, président du Comité d'initiative.
Ces noms voisinent avec celui de l'Ambassadrice de France, Madame Maurice Bompard, qui, de tous les efforts de son âme d’artiste, s’est vouée au développement de cette œuvrejjtile et puissante.
A cette Société incombait 4a mission de faire connaître cette ancienne demeure.
Les « Amis de Stamboul » n'auront pas failli à leur tâche: désormais le « yali » des
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Keupruli est sauvé de l'oubli, s'il n'est encore protégé contre la destruction. 11 est à souhaiter que d’autres initiatives de ce genre s'attachent à conserver d'autres merveilles qui s'en vont. Il y a là un passé qui parle, un passé très grand et trop oublié. En perpétuer le souvenir et devenir peut-être aussi un artisan de sa conservation serait louable.
C'est un vœu que nous formons ardemment d'un cœur sincère qui aime la Turquie et ses grands souvenirs.
H. SALADIN et R. MESGUICH.
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Gravure sur bob du Tour du Monde (HacMMf & O. EMUan). |
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DESCRIPTION DES PLANCHES
PLANCHE I
Plan du Salon du Yali. — Ce salon affecte en plan la disposition bien souvent appliquée dans les édifices civils musulmans, pour les chambres d’apparat : la disposition en T. Cette disposition est commandée le plus souvent par l’exiguïté des pièces de charpente qui constituent le solivage des planchers et des plafonds, et qui ne permettent pas de donner à ces pièces une grande portée entre les appuis, tout particulièrement dans les bâtiments comme ceux du yali, construits très légèrement en pans de bois, revêtus de planches ou de lattis recouverts d enduits.
Ici, cette disposition présente en outre un très grand avantage, celui d’ouvrir tout autour du salon une série de baies par lesquelles on peut découvrir les aspects variés du Bosphore. Les fenêtres, basses d'appui, permettaient aux personnes accoudées sur les divans qui les bordaient de jouir à leur aise de la vue merveilleuse qui se déroulait sous leurs yeux.
Elle offre d’ailleurs l’avantage de couvrir une assez grande surface.
Les fenêtres étaient munies de deux systèmes de fermeture, — le premier comportait un châssis vitré, le second une sorte d'auvent extérieur mobile. Ces auvents relevés abritaient de la lumière un peu trop crue de l'extérieur.
Le plan montre que le sol du yali est à plusieurs niveaux. Le plus bas est celui où se trouve la fontaine centrale. — Deux ressauts du sol dans le sens longitudinal et de chaque côté, et un dans le sens transversal, déterminent de larges banquettes qui forment comme autant de pièces séparées. — C’est#la disposition bien connue des dekkas ou salons des maisons arabes du Caire. Au centre de la partie la plus basse est une fontaine en marbre blanc, dont le détail est donné dans la planche XII.
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PLANCHE II
Plan des plafonds du Yali. — Le parti général est celui-ci : au centre de la composition, un plafond carré, au milieu duquel une partie circulaire forme comme une coupole légèrement surbaissée. Au centre de la coupole se détache une clef pendante à stalactites (formant l'extrémité du poinçon de la charpente), qui servait probablement à attacher la chaîne de suspension d'un lustre.
Le détail de ce plafond est donné dans la planche V. Les plafonds des trois parties en bout sont sur plan rectangulaire et, contrairement à ce qui a été fait pour le plafond central (traité en décoration florale plutôt de style persan ottomanisé, si Ton peut s'exprimer ainsi), ces plafonds rectangulaires, bien qu'ayant une corniche de style persan, ne comportent dans leur panneau central qu'une décoration purement géométrique et par conséquent de style arabe. J'ai démontré dans mon Manuel' de l'art musulman que c'est d'une sorte de mélange d'art arabe et d'art persan que s est formé peu à peu le style des monuments ottomans dérivé des monuments des Scldjoùcides de Sonia, eux aussi inspirés, en partie par l'art persan, en partie par l'art arabe de Syrie.
PLANCHE III
Coupe longitudinale du salon. — Il est facile de se rendre compte de l'aspect que présente actuellement ce salon, par l'examen de la photographie que reproduit la planche XIII. Il est vrai qu'on n’en voit que la partie centrale, mais il est néanmoins possible de voir combien ces agréables et délicieuses décorations ont souffert de l'abandon dans lequel on les a laissées.
Les portes de la partie centrale sont en marqueterie de bois d'essences différentes et d'os ou d'ivoire, comme les menuiseries arabes de l'Égypte et de la Syrie. La décoration peinte est traitée dans des tons harmonieux dont les planches VIII et X permettent de se rendre compte; mais, comme on le voit dans la planche VIII, ces couleurs ont subi aussi les injures du temps et sont vouées à une disparition prochaine. Leur harmonie peut être rapprochée de celle des soieries persanes et des tapis persans du dix-septième et du dix-huitième siècle. — La décoration florale est particulièrement délicate. On voit nettement dans cette coupe la disposition relative des différents sols.
PLANCHE IV
Coupe transversale. — Cette coupe montre d'une façon très nette la disposition de la tablette qui court autour de la partie qui est en saillie sur le principal corps de bâtiment, tablette destinée à recevoir des coussins et à servir de divan. On voit aussi combien la multiplicité des fenêtres donne de gaieté à cet ensemble. Mais lés auvents extérieurs, qui existaient
i. H. SALADIN. Manuel d'Art Mit î ni mon. T. I. Picard, éditeur, 1907
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encore aux fenêtres en 1860, ont disparu. Ces auvents servaient à amortir la crudité du jour aux heures chaudes de la journée et à maintenir un peu de fraîcheur dans le salon. Au-dessus de ces fenêtres et à l’intérieur, court une tablette en saillie dont le détail est donné dans la planche N° X, et sur laquelle étaient posés ou des vases ou des plats en porcelaine, ou bien encore des plateaux de cuivre gravés ou incrustés d'or et d’argent. On voit aussi sur cette coupe combien ce salon avançait sur la mer.
PLANCHE V
Détail du plafond situé autour de la grande coupole. — Il est inutile d’attirer l'attention du lecteur sur le charme de cette décoration. Néanmoins, quelques détails techniques ne seront pas superflus.
Les différents motifs sont séparés les uns des autres par des baguettes sculptées et dorées. — Les plafonds semblent faits d'un enduit de plâtre ou de blanc en bourre sur un lattis serré et sur une toile grossière. - La peinture est faite à la colle, et comme elle est mate, elle doit avoir été faite à la colle de peau et au blanc d’Espagne, auxquels on a mélangé les couleurs en poudre. La dorure, suivant l’expression de Chardin quand il décrit les peintures persanes, la dorure en est fort matérielle, c'est-à-dire que les feuilles d’or qui la constituent sont assez épaisses d'abord, le talent des anciens batteurs d’or étant loin d’atteindre à celui de nos batteurs d'or actuels qui arrivent à faire des feuilles d'or d'une telle finesse qu’on voit le jour au travers ; mais cet effet est encore accentué par un autre artifice : les apprêts sur lesquels l’or est appliqué sont assez épais et forment sur le fond une légère saillie, ce qui donne à la dorure un modelé remarquable. C’est, d'ailleurs, le même procédé qui a été employé au Caire dans les beaux plafonds des palais et des mosquées.
PLANCHE VI
Cette planche donne le motif milieu et la corniche des plafonds secondaires, dans lesquels l’ornement géométrique pur domine. Les motifs centraux des grandes étoiles dodé-cagonales donnent naissance à des pendentifs à stalactites formant saillie sur le nu du plafond.
L’harmonie de ce grand rectangle est vert et or, les branches des grandes étoiles et des petites sont décorées d’ornements dorés sur fond vert moyen (planche VII), qui s’en détachent par un faible relief. L'effet en est très distingué. La gorge de ce plafond est décorée d une ornementation florale très harmonieusement colorée.
PLANCHE VII
Détail d’un élément du plafond précédent.
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PLANCHE Vlll
Détail des arcades feintes qui forment une frise assé^ haute tout autour du salon et au-dessus des fenêtres et des portes. — Ces arcades feintes sont encadrées de frises peintes à fleurs et à rinceaux du coloris le plus délicat. Le fond de ces arcades représente un vase de faïence blanche à dessins bleus, contenant un grand bouquet de fleurs (tulipes, œillets, roses et marguerites rouges, jaunes et blanches), dans des feuillages roux, gris ou blancs un peu conventionnels, mais qui, peut-être, ont été autrefois verdâtres. Le tout se détache sur le fond brun du bois. Ces fleurs ne sont pas traitées avec l’énergie de stylisation des fleurs des faïences turques de la belle époque, ni même de celles des autres parties de la décoration du yali; mais celte façon de traiter ces arcades fait un contraste agréable avec le reste et forme pour le décor mieux accentué un fond d'une harmonie très discrète.
PLANCHE IX
Détail de la retombée des crosses qui forment comme de grands arcs surbaissés séparant les uns des autres les plafonds des différentes parties des salons du Yali. — Contrairement à ce qu’ont fait les architectes arabes du Caire, qui accusaient assez fortement dans leur décoration intérieure ces parties de la construction de leurs plafonds, l’architecte du yali ne leur a donné que des dimensions réduites à celles des éléments de charpente dont il disposait. Ce n'est donc plus ici qu’un rappel d’un élément constructif, et non plus un élément principal de construction à accuser dans la décoration. Cette sorte de colonnette souple, qui s'encadre de deux moulures et qui se courbe autour des crosses ajourées du plafond, est plutôt un cordon décoratif qu’un support véritable. Cette décoration sculptée, dont les ors vieillis s’harmonisent d’une façon charmante avec le fond rouge du pilastre sur lequel elle se détache, est très probablement d'un effet bien plus discret qu’elle ne l’était dans sa fraîcheur première.
PLANCHE X
Détail de la tablette contournant le salon et formant le couronnement des fenêtres du Yali. — Coupe et face.
PLANCHE XI
Détail de la retombée de l’arc de la porte d’entrée. — 11 faut remarquer, comme dans la planche précédente, le caractère particulier des stalactites qui constituent cette décoration. Ces stalactites, qui sont toutes constituées par des éléments rectilignes, ont un aspect tout particulier et sont caractéristiques de l'art ottoman. Je l'ai signalé à plusieurs reprises et
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particulièrement dans Particle Stalactite de l'Encyclopédie d’architecture de P. Planat. Les auteurs* de VArchitecture ottomane ont caractérisé l'aspect de ces stalactites en nommant le chapiteau turc à stalactites, l'ordre cristallisé. C'est, en effet, l'aspect de cristaux juxtaposés que rappelle cet élément de l'architecture ottomane.
PLANCHE XII
Détail de la fontaine de marbre placée au centre du salon. — Comme on le voit par notre planche Xlll, qui donne l'état ancien (antérieur à 1879) de cette fontaine, le dessin de la planche XI1 ne nous donne qu'en partie la reproduction de ce petit monument : la coupole qui le surmontait, et qui était en marbre ajouré, n'existe plus. Mais la vasque carrée en marbre, la fontaine avec ses deux étages de jets d'eau et d'arcades repercées à jour, est encore intacte. Seule la coupole ajourée, que terminait un jet d'eau plus considérable que les autres, n'existe plus.
Comme nous l'avons dit plus haut, une fontaine semblable en tous points à celle-ci se voit encore dans les bâtiments du vieux sérail, à Constantinople.
PLANCHE XIII
Vue intérieure de la partie centrale du Yali. — Cette vue, antérieure à l'année 1879, montre à quelles constructions ce yali faisait suite.**Ces constructions sont pour la plupart complètement détruites; elles ne présentaient, paraît-il, qu'un intérêt secondaire.
H. SALADIN.
/iB.33^
i. L'Ardùkaitrc OuontMt. par MONTANI EFFENDI, Constantinople, 1873, in-folio.
TABLE DES MATIÈRES
PAtiKS
Préface de Pierre LOTI.
Description du Yali
Description des planches..... . . $
Table des matières...............B
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Echelle de o.o¡5 peut mèlte.
Planche II
Planche III
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Planche V |
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Planche X
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Echelle de 0*50 peut / mette. |
Planche XII
Planche XIII
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